1865-1900

Lors de l'ouverture des portes de l'Ecole d'horlogerie de La Chaux-de-Fonds en 1865, mission était donnée aux professeurs de constituer une collection, ceci avant tout dans un but didactique.

L'importance de cette collection aboutit déjà en 1883 à la création d'une sous-commission de l'Ecole d'horlogerie chargée de s'occuper de la bibliothèque, d'une part et d'autre part de la présentation de la collection. Ainsi, durant 35 ans, horloges, montres, mouvements se collectionnent et s'exposent aux seuls regards des élèves et des professeurs.

1900-1910

La richesse des pièces collectées conduisent un petit groupe de passionnés sous l'impulsion de Maurice Picard, industriel horloger, israélite d'origine française, à proposer l'ouverture d'un musée. Dès 1901, le Conseil communal sensible au mémoire présenté par M. Picard proposant la création d'un musée rétrospectif d'horlogerie, crée une commission ad hoc et attribue des locaux provisoires, rue du Collège 9, au futur musée.

Le 24 mars 1902, les autorités de la Ville de La Chaux-de-Fonds signent l'acte de fondation du Musée d'horlogerie. Une salle est dédiée au musée dans les locaux mêmes de l'Ecole d'horlogerie. C'est de 1902 aussi que date l'arrivée dans les collections du grand chronomètre de marine de Ferdinand Berthoud, le n°12, pièce exceptionnelle datant de 1774, démontrant ainsi que déjà à cette époque le choix des objets requiert une très grande attention des membres de la commission.

La commune accorde dès 1904 une subvention au musée. Les dons affluent, le musée doit déjà remanier son exposition en 1908. Le succès est là, la reconnaissance aussi. Mais la guerre met un frein à l'apport de nouvelles pièces à la collection.

1910-1920

Les activités du musée ne reprendront qu'en 1920, dons et achats seront abondants et pour ses 25 ans, une extraordinaire pendule à musique de Pierre Jaquet-Droz dotée d'un carillon sur 9 cloches ainsi que d'un jeu de 12 flûtes et dont le riche décor illustre la fable de la cigogne et du renard de La Fontaine entre au musée, notamment grâce à l'appui financier de la Fondation Gottfried Keller.

1930-1950

En 1931, la crise se fait sentir: achats, dons, fréquentation sont en nette régression, et la situation même du musée reste précaire: une place restreinte, une collection importante et précieuse conservée dans des locaux exigus! Les années de guerre vont encore freiner l'essor du musée, les collections seront mises en caisse pour les protéger. Vont suivre encore 5 ans de temporisation avant l'arrivée de nouvelles perspectives qui se feront grâce au mécénat de deux grands organismes, le Syndicat patronal des producteurs de la montre (SPPM) et le Bureau de contrôle des ouvrages en métaux précieux qui tous deux promettent un soutien financier de 5'000.- francs et ceci durant 5 ans, peu de temps après la commune accorde au musée une subvention de 3'000.- francs.

1950-1960

Les locaux ont été restaurés, une nouvelle salle est adjointe en 1952. Cette même année, le musée a 50 ans, c'est aussi l'année d'acquisition d'une montre émaillée de la fin du XVIIe siècle, au mouvement anglais signé Henry Grendon et au boîtier peint sur émail signé par le genevois Huaud: la scène illustrée représente Hérode, Hérodiade et Salomé.

Le musée rouvre ses portes au public au printemps 1953. C'est une nouvelle période faste qui commence pour l'institution: de superbes montres émaillées sont acquises, certaines provenant de la vente de la collection du Roi Farouk en 1954 comme la magnifique montre à tact signée Abraham-Louis Breguet datant des environs de 1800. Les deux côtés de la montre sont ornés d'émaux, aucune des faces ne présente l'heure. La particularité de ce type de montre, inventé par Breguet à la toute fin du XVIIIe siècle, réside dans le fait de permettre la lecture de l'heure au toucher. Le fond orné de Cupidon tenant son arc tourne et la pointe de la flèche vient alors buter contre de petites saillies permettant en toute discrétion la lecture tactile de l'heure! Des visiteurs de marque, comme Max Petitpierre, président de la Confédération en 1955, découvre le musée comme en témoigne le livre d'or. 

L'essor continue... 1957, c'est l'occasion de parler d'une des pièces les plus remarquables entrée dans les collections cette année-là, une montre à double boîtier signée John Arnold à Londres. Fabriquée vers 1768 pour le Roi Georges III, cette montre au boîtier extérieur richement décoré d'ors et d'émaux sonne les heures, les 10 minutes et les minutes supplémentaires. Son mouvement est par ailleurs doté d'un système de compensation thermique identique à celui utilisé par le grand horloger dans ses chronomètres de marine.

1960-1970

La place manque à nouveau, la réflexion implique la constatation du besoin d'un nouveau bâtiment susceptible d'accueillir le musée. En 1963, le professeur Georges-Henri Rivière de Paris, alors directeur du Conseil international des musées (ICOM), est chargé par le Conseil communal d'une étude sur les collections des musées d'histoire, des beaux-arts et d'horlogerie de la ville. Le rapport met en évidence l'importance majeure de la collection du Musée d'horlogerie et insiste sur la nécessité de nouveaux espaces pour la présenter « La Chaux-de-Fonds est la capitale mondiale de l'horlogerie, son musée d'horlogerie doit être le plus beau du monde... ». Pierre Imhof, président de la commission du Musée d'horlogerie peut maintenant se mettre à l'œuvre pour envisager un avenir digne de la ville et des collections. 1967 marque un tournant important, la Fondation Maurice Favre est créée dans le but de recueillir une partie importante des fonds nécessaires à la construction d'un nouveau bâtiment.

En 1968, le musée prend le nom de Musée international d'horlogerie et en sous-titre « L'homme et le temps », un concours d'architecture est lancé pour la construction d'un musée dans le cadre du parc du Musée d'histoire dans le but de créer une synergie avec ce dernier et le Musée des beaux-arts voisin. Sur plus de trente projets, celui des architectes Pierre Zoelly et Georges-Jacques Haefeli est retenu.

1970-1980

Les travaux débutent en 1972 pour aboutir à l'inauguration en 1974 d'un bâtiment à l'architecture d'avant-garde et en grande partie souterraine, écrin digne d'une collection unique au monde. C'est aussi l'occasion de présenter les fresques de Hans Erni réalisées pour l'Exposition universelle de Bruxelles de 1958 et offertes en cette année d'inauguration au Musée international d'horlogerie par la Chambre suisse d'horlogerie – elles décoreront la grande salle prévue pour les expositions, les conférences et autres manifestations.

Nouvelle conception muséographique pour sa présentation des collections due à MM. Serge Tcherdyne, Pierre Bataillard et Mario Gallopini, mais aussi nouvelle conception scientifique, le Musée international d'horlogerie a la particularité de réunir trois centres de compétences bien distincts : un musée, un Centre de restauration en horlogerie ancienne et un Centre d'études interdisciplinaires du temps réunissant dans sa bibliothèque et ses fonds périodiques, ouvrages originaux, catalogues des ventes, publicités, documents iconographiques et variés, l'ensemble faisant un centre d'importance mondiale pour la recherche.

1980-1990

1980, la dernière étape de la construction est là, c'est l'installation du carillon monumental qui vient compléter l'architecture extérieure du musée: horloge cinétique, instrument de musique, il carillonne l'heure, de quarts d'heures en quarts d'heures, avec des airs en accord avec les saisons. Cette année-là est également celle de la création de l'association des amis du Musée international d'horlogerie, les « amisMIH ». Grâce à eux notamment, de nombreuses pièces remarquables peuvent être acquises permettant un accroissement et un enrichissement de la collection.

En 1989 l'Institut l'homme et le temps est créé dans la perspective d'intensifier les rapports avec le monde scientifique de l'enseignement supérieur, ainsi des colloques aux thèmes variés sont régulièrement proposés en alternance avec des expositions temporaires thématiques. Les éditions qui portent le même nom publient régulièrement des catalogues d'exposition comme des ouvrages thématiques et scientifiques.

1990-2000

Dans la continuité de son œuvre de reconnaissance de l'horlogerie, de son histoire aussi bien que de sa technique, le Prix Gaïa est décerné par le Musée international d'horlogerie pour la première fois en 1993; il est destiné à récompenser des personnalités qui ont œuvré dans les domaines de l'horlogerie et de la mesure du temps, de la création à l'industrie en passant par l'histoire.

Soucieux d'adapter le musée aux nouvelles présentations et approches muséographiques, les responsables de l'institution étudient constamment le renouvellement de l'exposition en la remodelant tout en préservant l'ambiance si particulière de son site.

Modèles didactiques, audioguides, sculptures cinétiques sont autant d'apports et agrémentent la visite. Les expositions thématiques ne sont pour autant pas oubliées, elles ont pour but avant tout de compléter l'exposition permanente. Les multiples activités du Musée international d'horlogerie en font une référence mondiale en matière d'histoire de la mesure du temps et de son expression la plus connue, l'horlogerie.

Texte tiré de: « Le Pays de Neuchâtel et son patrimoine horloger », ISBN: 978-2-940239-16-0

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